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LOU LABOURAIRE E SEIS ENFANT

 

 

Lou bèn nourris toujour soun mèstre

Quand lou païsan li saup èstre.

Un Labouraire eisa, sentènt veni sa fin,

A seis Enfant disié, dins soun simple lengàgi :

– Meis ami, gardas-vous de vèndre l’eiretàgi

Que de moun seni-grand nous vèn en dre camin,

S’un-cop pàrti pèr lou long viàgi.

Souto la terro li a 'n tresor :

En lou cercant troubarés d’or ;

Mai vous fau pèr acò devira leis ouliero,

Destapa tóutei lei carrat,

Quand aurés fa de bouen gara

E cava founs tóutei lei tiero,

En terro, enfin, si troubara.

Arribo que lou Labouraire

Mouere, coumo tóutei lei paire,

E leis Enfant, alor, emé lou fèrri en man,

Un lou bechas, l’autre l’araire,

De tout coustat vague de faire

De saunié dintre soun vièi champ.

Troubavon rèn.

Au bout de l’an

La recordo sieguè doublado

En liéume, blad, òrdi e civado ;

Lei souco avien carga de rin,

Leis óulivié d’óulivo ; e de pan, e de vin,

D’òli, n’aguèron pèr l’annado,

E pèr vèndre, peréu.

De tresor n’i’avié ges

E pèr élei valié bèn mies.

Lou Lauraire, en partènt, eis Enfant faguè vèire

Que lei counsèu dei vièi soun toujour bouen de crèire :

La terro, dins sei flanc es touto pleno d’or,

E li a que lou travai pèr douna de tresor.

 

                                                                                                                Marius Bourrelly - 1872

LE LABOUREUR ET SES ENFANTS

La terre nourrit toujours son maître

Quand le paysan sait s’en occuper.

Un laboureur aisé, sentant venir sa fin,

Disait à ses enfants, dans son langage simple :

– Mes amis, gardez-vous de vendre l’héritage

Qui nous vient en ligne directe de mon grand-père,

Lorsqu’il parti pour le long voyage.

Sous la terre il y a un trésor :

En le cherchant vous trouverez de l’or

Mais il vous faut pour cela retourner les terrains,

Défoncer tous les coins de terre,

Quand vous aurez fait de bons labours

Et creusé profondément toutes les rangées,

En terre vous le trouverez enfin.

Un jour enfin le laboureur meurt,

Comme tous les pères,

Et les enfants, alors, avec l’outil en main,

Un la houe, l’autre la charrue,

De tous côtés ils se mettent à faire

Des saignées dans son vieux champ.

Ils ne trouvent rien.

A la fin de l’année

La récolte fut doublée

En légumes, blé, orge et avoine,

Les vignes étaient chargées de raisin,

Les oliviers d’olives, et du pain, et du vin,

De l’huile, ils en eurent pour l’année

Et pour vendre, également.

De trésor it n’y en avait pas,

Et pour eux il y avait bien plus.

Le Laboureur, en partant, fit voir aux Enfants

Que les conseils des vieux sont toujours bons à suivre :

La terre dans ses flancs est toute pleine d’or

Et il n’y a que le travail pour donner des trésors.

 

                                                                                                       Marius Bourrelly - 1872

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